La sexualité des Français traverse une transformation majeure, selon l’enquête de l’Inserm « Contexte des sexualités en France », menée sur 5 ans auprès de 31 000 participants. Si les Français ont globalement moins de rapports sexuels qu’avant, certains comportements se diversifient et de nouvelles tendances émergent.
Une baisse globale de l’activité sexuelle
Depuis les années 1990, l’activité sexuelle en France est en diminution. En 1992, 86,4 % des femmes avaient eu des rapports sexuels au cours des 12 derniers mois. En 2023, ce chiffre tombe à 77,2 %. Chez les hommes, la baisse est similaire, passant de 92,1 % en 1992 à 81,6 % en 2023.
La fréquence des rapports sexuels suit également une courbe descendante :
- Pour les femmes : une moyenne de 8,1 rapports par mois en 1992 contre 6,0 en 2023.
- Pour les hommes : une chute de 9,0 à 6,7 rapports par mois sur la même période.
Cependant, le nombre moyen de partenaires sexuels au cours d’une vie est en forte augmentation, particulièrement chez les femmes, qui passent de 3,4 partenaires en 1992 à 7,9 en 2023. Les hommes connaissent également une hausse, atteignant en moyenne 16,4 partenaires en 2023.
Le sexe anal et d’autres pratiques en plein essor
Les pratiques sexuelles évoluent : certaines reculent, tandis que d’autres gagnent en popularité. La pénétration vaginale traditionnelle diminue, laissant place à une diversification des comportements :
- La fellation est en hausse, pratiquée par 84,4 % des femmes et 90,5 % des hommes en 2023.
- La pénétration anale gagne également du terrain : elle concerne 38,9 % des femmes et 57,4 % des hommes.
Ces évolutions s’accompagnent d’un changement d’attitudes envers la sexualité. Les relations avec un partenaire de même sexe, par exemple, concernent 8,4 % des femmes et 7,5 % des hommes, des chiffres plus fréquents parmi les jeunes (18-29 ans).
L’homosexualité est également mieux acceptée par la société :
- 69,6 % des femmes et 56,2 % des hommes affirment qu’ils accepteraient l’homosexualité de leur enfant.
La sexualité chez les seniors : un plaisir qui dure
Contrairement aux idées reçues, les seniors restent actifs sexuellement. Entre 60 et 89 ans, 56,6 % des femmes et 73,8 % des hommes continuent d’avoir des rapports intimes. Parmi les 70-79 ans, 53,5 % des hommes et 42,8 % des femmes ont eu des relations sexuelles au cours des 12 derniers mois.
La sexualité ne disparaît donc pas avec l’âge : elle évolue, tout simplement. Ces chiffres démontrent que, même à la retraite, on ne s’ennuie pas !
Les implications de la « sex recession » sur la santé et la vie de couple
La baisse de l’activité sexuelle, ou « sex recession », soulève des questions essentielles sur la santé sexuelle et la dynamique des relations de couple. Une diminution des rapports intimes peut avoir des répercussions variées : perte de complicité, communication amoindrie ou frustrations latentes au sein du couple. Sur le plan individuel, une sexualité moins fréquente peut parfois être associée à une baisse de l’estime de soi ou à des troubles tels que l’anxiété et la dépression.
Par ailleurs, la santé sexuelle est un pilier du bien-être global. Des études montrent que la régularité des rapports sexuels contribue à la réduction du stress, au renforcement du système immunitaire et à une meilleure santé cardiovasculaire. Cette « retraite sexuelle » pourrait alors interpeller sur des aspects sociétaux : l’impact des modes de vie modernes, des pressions professionnelles ou des usages numériques, qui peuvent détourner de l’intimité physique.
Pour les couples, cette tendance pourrait être l’occasion de repenser leur lien affectif. Les experts soulignent l’importance de rétablir des moments de connexion, en dehors du numérique, pour raviver la flamme. Enfin, l’éducation à la santé sexuelle pourrait jouer un rôle clé, en sensibilisant à l’importance de l’intimité pour l’épanouissement individuel et relationnel. Ainsi, la « sex recession » n’est pas seulement une donnée statistique : elle invite à une réflexion plus large sur les équilibres entre santé physique, mentale et relationnelle.
Questions fréquentes sur la sexualité en France
Quelle est la fréquence moyenne des rapports sexuels en France ?
En moyenne, les Français déclarent avoir 6 à 7 rapports sexuels par mois. Cependant, cette fréquence varie selon les âges et les modes de vie.
Comment la fréquence des rapports varie-t-elle selon les tranches d’âge ?
Les jeunes adultes (18-29 ans) ont généralement une activité sexuelle plus régulière, avec une moyenne de 10 à 12 rapports par mois, tandis que les seniors (60 ans et plus) restent actifs mais à une fréquence moindre, souvent autour de 2 à 4 rapports mensuels.
Quels facteurs peuvent expliquer la baisse de fréquence des rapports sexuels ?
Plusieurs éléments peuvent expliquer cette tendance : le stress lié au travail, la fatigue, les responsabilités familiales, ainsi que l’impact de la technologie et des écrans, qui réduisent les moments de connexion réelle au sein du couple. D’autres raisons incluent des problèmes de santé, une baisse du désir ou des conflits relationnels.
Quelles différences existent entre les couples mariés et les couples non mariés ?
Les couples non mariés, en particulier les jeunes couples ou ceux en début de relation, ont souvent une activité sexuelle plus fréquente que les couples mariés. Ces derniers, bien qu’ayant une fréquence généralement plus stable, peuvent voir celle-ci diminuer avec le temps, souvent en raison des responsabilités partagées ou d’une routine qui s’installe dans la relation.